Aide au logement et lutte à la pauvreté: Leitão aurait pu faire beaucoup mieux!

Montréal, le 27 mars 2018 – Même s’il se réjouit que le ministre des Finances, Carlos Leitão, n’ait pas attendu d’avoir terminé la refonte du programme AccèsLogis pour annoncer une nouvelle programmation de 3000 logements sociaux, le FRAPRU reste déçu de son cinquième budget. Selon le regroupement, pour améliorer « la qualité de vie de tous les Québécois », le ministre aurait dû profiter des surplus de 850 millions $ et des fonds annoncés par Ottawa dans sa Stratégie sur le logement pour augmenter significativement ses objectifs de développement du logement social, plutôt que de les maintenir au niveau actuel.

Tout en appréciant que les investissements consacrés à la réalisation de ces 3000 logements passent de 255 à 273 millions $, le FRAPRU craint toutefois que cela ne suffise pas. L’organisme rappelle que les paramètres d’AccèsLogis n’ont pas indexés depuis 2009. Il aura fallu ajouter 38,8 millions $ en décembre dernier pour assurer la livraison de milliers de logements sociaux déjà programmés, pour lesquels le budget d’aujourd’hui ajoute 31 millions $ additionnels. Le regroupement déplore également la vision à courte vue du gouvernement. « En faisant des annonces annuelles, on nuit à la réalisation de plusieurs projets, notamment en achat-rénovation », souligne Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU. Depuis plusieurs années, le regroupement réclame des programmations pluriannuelles, d’au moins 5 ans.

En matière d’aide à l’habitat, le gouvernement maintient, sans plus, les investissements accordés aux programmes RénoRégion et Rénovation Québec, alors qu’il diminue légèrement ceux dans le Programme d’adaptation à domicile. « Les personnes en situation de handicap devront encore attendre plusieurs années avant d’avoir accès à un logement adapté à leurs besoins », commente Véronique Laflamme. Elle note par ailleurs que les maigres sommes consacrées au Nunavik ne permettront pas de régler les graves problèmes de logement qui y perdurent.

Itinérance et pauvreté

Le FRAPRU déplore que le Plan d’action économique 2018 ne prévoit, pour les personnes en situation d’itinérance, que 150 suppléments au loyer en logement locatif privé. Les organismes engagés dans la lutte à l’itinérance réclament pourtant des fonds supplémentaires pour réaliser le Plan d’action interministériel en itinérance 2015-2020, notamment pour mieux financer le soutien communautaire en logement social, de manière récurrente.

Alors que les problèmes de logements sont souvent dus à l’insuffisance de revenu des ménages, le FRAPRU est vivement déçu que le budget ne contienne aucune nouvelle annonce en matière de lutte à la pauvreté. « Il aurait dû, minimalement, accélérer les investissements annoncés dans le Plan d’action gouvernemental de décembre », invoque sa porte-parole, rappelant du même souffle que le chèque d’aide sociale permet à peine de répondre à la moitié des besoins de base.

« Dans le contexte économique actuel, on s’explique mal qu’un gouvernement, affirmant depuis plusieurs années qu’il faut créer la richesse avant de la redistribuer, choisisse de baisser les impôts, avant de mieux financer la lutte à la pauvreté et le logement social », réagit Véronique Laflamme. Elle rappelle que selon le recensement de 2016, 195 635 ménages locataires du Québec consacrent plus de la moitié de leur revenu pour se loger, au détriment de leurs autres besoins essentiels, dont 58 000 en consacrent plus de 100 %.

Financement de l’action communautaire autonome

Le FRAPRU se désespère que le gouvernement n’ajoute que 46 millions $, en cinq ans, au financement des groupes d’action communautaire. « Ce montant, c’est ce que demandent les seuls groupes de défense collective des droits, à chaque année, pour réaliser pleinement leur mission auprès des personnes subissant de graves dénis de leurs droits », précise la porte-parole.

Fiscalité

Enfin, en matière de fiscalité, le FRAPRU demeure sur sa faim. « Le gouvernement nous dit qu’il renforce l’équité fiscale en intensifiant la lutte contre les paradis fiscaux et en adaptant la taxe de vente au commerce en ligne, mais ce n’est pas suffisant pour rétablir une réelle justice fiscale », souligne Véronique Laflamme. Selon le FRAPRU, il aurait dû, par exemple, augmenter le nombre de paliers d’imposition afin que les plus riches contribuent plus équitablement aux finances publiques et remettre en place la taxe sur le capital pour les banques.

En définitive, alors qu’en ratifiant le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, Québec s’est engagé à les mettre en œuvre « au maximum des ressources disponibles », le FRAPRU constate qu’il fait des choix qui compromettent les droits des personnes et le filet social collectif, au nom « de la performance et la croissance du Québec de demain ».

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Pour plus d’informations :  

Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

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