Tournée pour le droit au logement – Les locataires pauvres aux prises avec des loyers trop chers, de l’insalubrité et des abus de pouvoir en Abitibi-Témiscamingue

Rouyn-Noranda, le 13 septembre 2017 – Au lendemain du passage à Rouyn-Noranda de la Tournée pour le droit au logement organisée par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et l’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue (ALOCAT), des militantes et des militants pour le droit au logement de l’Abitibi, de Montréal et de la Montérégie remettent symboliquement au ministre Luc Blanchette une mise en demeure et une demande de logement à loyer modique.

Rouyn-Noranda est le deuxième arrêt d’une tournée de 5 régions en 5 semaines.  Cette tournée et l’action de ce matin prennent place alors que les gouvernements canadien et québécois ont l’opportunité de faire avancer substantiellement la reconnaissance du droit au logement cet automne. Le gouvernement fédéral doit présenter bientôt la première Stratégie canadienne sur le logement et le gouvernement du Québec dispose enfin de surplus substantiels qu’il pourrait investir dans le logement social.

L’audience d’hier soir était présidée par Christian Nadeau, président de la Ligue des droits et libertés. Des témoignages d’une dizaine de ménages mal-logés de l’Abitibi y ont été entendus. « Ces témoignages ont donné un aperçu des drames quotidiens vécus dans l’anonymat par les 270 000 ménages locataires du Québec qui ont des besoins urgents parce qu’ils vivent dans des logements insalubres, trop chers ou trop petits. Ils ont aussi permis de mettre à jour le portrait des réalités particulières des locataires de l’Abitibi et de rendre visibles de graves dénis du droit au logement, souvent impossibles à déceler dans les statistiques », explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. « Au départ, on croit entendre des histoires parallèles alors que ce sont des expériences tragiques qui se croisent et qui ont une réalité commune, celle du déni de leurs droits. Et parce que cela touche leurs droits, on peut espérer des résistances communes », résume Christian Nadeau.

« L’Abitibi est une région ressource, qui vit au gré de l’industrie minière, et quand il y a une relance, comme en ce moment, il y a une pression à la hausse sur le coût des logements, avec le lot de difficultés que cela entraîne pour les ménages locataires les plus pauvres », explique Bruce Gervais, coordonnateur de l’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue (ALOCAT). « Au fil des vagues de développement économique, on constate une marchandisation du logement à Rouyn-Noranda, au détriment du droit au logement pour les gens à faible revenu », observe Christian Nadeau, président de l’audience.

Les témoignages entendus à Rouyn ont également mis en lumière les nombreux problèmes d’insalubrité et le mauvais encadrement des autorités de cette réalité, ainsi que les abus de pouvoir de propriétaires qui harcèlent et qui procèdent à des évictions illégales. « Des locataires sont littéralement mis en danger par leur propriétaire.  Les gouvernements doivent concentrer leurs interventions dans le logement social, non seulement pour améliorer les conditions de logement, mais aussi garantir la sécurité d’occupation », affirme la porte-parole du FRAPRU.

Lors du rassemblement de ce matin, le regroupement et l’ALOCAT ont interpellé le ministre Blanchette pour que son gouvernement augmente de façon importante le financement du programme AccèsLogis, afin de répondre aux besoins pressants des locataires mal-logés. « Plus de 800 ménages locataires de Rouyn consacrent la moitié et plus de leur revenu pour se loger et, trop peu de logements sociaux y sont construits ici, notamment parce qu’AccèsLogis n’est pas adapté aux réalités des régions éloignées », rappelle Véronique Laflamme. Selon le FRAPRU, avec des surplus de 4,5 milliards $ (avant les versements au Fonds des générations), le Québec a les moyens d’investir davantage pout améliorer les conditions de vie de personnes les plus vulnérables. Le FRAPRU revendique 50 000 nouveaux logements sociaux en 5 ans.

Le FRAPRU, la Ligue des droits et libertés et l’ALOCAT pressent Québec et Ottawa de mettre en œuvre les observations de mars 2016 du Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU, déplorant que les deux gouvernements consacrent si peu de leurs ressources pour la réalisation du droit au logement. Cette instance de l’ONU leur recommande notamment l’accroissement des budgets que le Canada et les provinces consacrent à l’habitation, l’augmentation du nombre de logements sociaux, et le renforcement des protections légales des locataires, entre autres contre les évictions.

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