Discrimination, insalubrité et manque de logements sociaux sont les trois principaux sujets qui ont fait surface lors de l’audience de la Commission à Joliette, une ville où 60,5 % de la population est locataire.
Le portrait dressé par des groupes comme Action-Logement Lanaudière est inquiétant. Deux propriétaires posséderaient la majorité des logements à Joliette. Il y aurait de moins en moins de propriétaires occupants dans la région et de plus en plus de propriétaires corporatistes, réduisant ainsi la marge de manœuvre des locataires pour négocier, trouver un logement ou encore pour défendre leurs droits. Comme l’a souligné le porte-parole d’Action-Logement : « Pas besoin d’une black list [liste noire] quand un propriétaire possède une grosse part des logements ».
Par ailleurs, il semble que la pauvreté frappe durement plusieurs locataires lanaudois. À titre indicatif, les causes de non-paiement de loyer ont bondi de 20 % depuis 2006.
À l’intersection de plusieurs discriminations
La Traverse, un centre qui vient en aide aux femmes victimes de violence conjugale, a parlé de la situation particulièrement difficile des femmes immigrantes et autochtones qui en plus de subir de la violence, se heurtent à de la discrimination de la part de propriétaires récalcitrants. Trouver un logement pour se relocaliser, parfois avec des enfants, peut devenir difficile. Aux dires d’une intervenante, il n’est pas rare que les femmes autochtones et immigrantes doivent demeurer plus longtemps au centre que les autres femmes, faute de trouver un logement.
Corroborant cette situation, Safima, un organisme de Repentigny qui travaille aux côtés des personnes immigrantes, a raconté que plusieurs autres embûches attendent les nouvelles arrivantes. En effet, quand elles sont victimes d’injustices, plusieurs femmes hésiteraient à porter plainte à la Régie du logement, de peur que leur statut soit révoqué ou par crainte du processus judiciaire. De surcroît, il arrive que la Direction de la protection de la jeunesse menace des femmes de leur retirer la garde de leurs enfants si elles ne déménagent pas dans un logement plus grand ou adéquat, ce que leur situation financière ne leur permettrait pas toujours.
Itinérance, maisons de chambres et logements sociaux
L’itinérance n’est pas le seul fait des grandes villes. La Hutte, qui offre de l’hébergement d’urgence à Terrebonne, a témoigné de l’aggravation et de l’accroissement du phénomène. L’organisme a dû refuser 400 demandes d’hébergement l’année dernière. Estelle Dionne, coordonnatrice, a également attiré l’attention des commissaires sur l’effritement du parc de maisons de chambres, lesquelles logent souvent des personnes à risque d’itinérance qui trouvent difficilement à se loger sur le marché locatif. À ce sujet, l’organisme Dianova, présent à Terrebonne et à Montréal, a plaidé pour la socialisation des maisons de chambres pour prévenir et réduire l’itinérance. L’organisme a, par ailleurs, dénoncé des propriétaires qui auraient pris l’habitude de louer des chambres « illégales » dans des sous-sols de maisons privées, facilitant ainsi l’expulsion arbitraire des chambreurs et des chambreuses.
Si de nombreuses personnes ont réclamé au micro plus de logements sociaux pour combler des besoins grandissants, quelques-unes ont réclamé du même souffle que leur gestion soit plus humaine et transparente. Ce message a aussi été porté par la Maison populaire de Joliette.
La question épineuse de la contribution du milieu exigée dans le programme AccèsLogis a été soulevée par des groupes, dont le Groupe d’aménagement de logements populaires de Lanaudière (GALOP). Pour tout projet de logement social, le groupe développeur doit amasser une somme d’argent considérable, en sollicitant son milieu. Or, en région, il est plus ardu de trouver de tels fonds. Cet effort financier serait un frein au développement du logement social.