Un rapport dénonce les effets de la crise du logement en Abitibi

« Il est à espérer que ce rapport, qui montre les coûts humains et sociaux de la crise du logement qui sévit en Abitibi, contribuera à convaincre les gouvernements qu’il faut agir partout dans la région pour mettre fin à cette situation intolérable ». C’est en ces termes que Danik Laporte, porte-parole du Regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue (RÉPAT), a accueilli le rapport de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, lors d’une conférence de presse tenue conjointement avec l’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

Le rapport intitulé Urgence en la demeure est le fruit d’une large démarche de consultation menée par quatorze commissaires indépendants. La Commission, initiée par le FRAPRU, a tenu 19 audiences dans les 17 régions administratives du Québec, dont deux en Abitibi, en novembre 2012. Il montre comment « à Rouyn-Noranda, la situation du logement est tributaire du boom minier et du cours mondial de l’or ». Il en décrit aussi les conséquences (rareté de logements à louer, discrimination lors de la location d’un appartement, hausse des loyers, etc,) pour en conclure qu’« actuellement, le boom appauvrit davantage qu’il n’enrichit la communauté ».

Bruce Gervais de l’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue s’est attardé sur la hausse du coût du logement : « Au cours des quatre dernières années, la Régie du logement recommandait des hausses de loyer annuelle de moins de 1 %. Or, le coût moyen des logements a augmenté de près de 15 % à Rouyn-Noranda durant cette période ». Il a précisé que, lors de l’Enquête nationale sur les ménages de 2011, 31 % des locataires de la ville consacraient déjà plus que la norme de 30 % de leur revenu en loyer : « Ce pourcentage risque malheureusement d’augmenter encore davantage, si la pénurie ne se résorbe pas ». Il a ajouté qu’à La Sarre, ce pourcentage était de 33 %, soit un locataire sur trois.

Selon Danik Laporte, « le mauvais état des logements est aussi un problème qui risque de s‘aggraver avec la pénurie ». Lors de l’Enquête nationale de 2011, le pourcentage de logements locatifs nécessitant des rénovations majeures était déjà de 9,3 % à Rouyn-Noranda, 9,1 % à Val-d’Or et 8,7 % à Amos, ce qui est dans tous les cas supérieur à la moyenne du Québec (8,0 %).

Il a salué l’annonce récente de la réalisation au cours des cinq ou six prochaines années de 72 logements sociaux à Rouyn-Noranda, mais en souhaitant que ce développement se fasse beaucoup plus rapidement et que les gouvernements acceptent d’investir davantage. Il a également dit espérer que les autres villes de la région bénéficieront elles-aussi de nouveaux logements sociaux en nombre suffisant. Il a rappelé qu’en avril 2013 le taux de logements inoccupés, qui devrait normalement être de 3 %, n’était toujours que de 0,6 % à Rouyn-Noranda, 0,5 % à Amos et 0,1 à Val-d’Or. « C’est ce qui explique qu’au cours de la période du 1er juillet 2013, 33 ménages aient demandé une aide d’urgence pour se loger à Rouyn et 30 à Val-d’Or », a conclu M. Laporte.

Pour le respect du droit au logement

Jean-Claude Laporte, porte-parole du FRAPRU, considère que « tous les problèmes décrits dans le rapport Urgence en la demeure représentent autant de violations au droit au logement et ont des impacts négatifs sur l’exercice d’autres droits dont ceux à l’alimentation, à la santé, à la sécurité ou encore à l’égalité ».

Il a précisé que la Commission recommande aux gouvernements supérieurs d’accroître de manière urgente le financement de nouveaux logements sociaux de manière à ce qu’ils occupent une part grandissante du marché locatif : « Ce n’est pas avec 3000 logements sociaux par année pour tout le Québec, comme c’est le cas pour 2013-2014, qu’on va y parvenir »

Le représentant du FRAPRU a aussi énuméré une série d’autres recommandations faites par la Commission au gouvernement québécois, dont l’adoption d’une politique globale en habitation, la reconnaissance formelle du droit dans la Charte québécoise des droits et libertés, ainsi que l’adoption au plan national d’un Code-type du logement que les municipalités ou les municipalités régionales de comté devraient minimalement respecter.