Montréal, le 19 avril 2023 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) constate avec stupeur que le gouvernement Legault introduit, en douce, la quasi-obligation pour les municipalités d’exiger la contribution financière des ménages locataires qui se retrouveront sans-logis autour du 1er juillet. Le regroupement de défense du droit au logement dénonce avec véhémence l’introduction d’une logique tarifaire pour de l’aide d’urgence, alors que Québec continue de balayer de la main, toutes mesures structurantes, comme le financement d’un nombre beaucoup plus grands de logements sociaux.
Cette nouvelle exigence se trouve le remaniement de son programme d’aide d’urgence, maintenant appelé Programme d’hébergement temporaire et d’aide à la recherche de logement, mis en oeuvre par un décret publié ce matin matin dans la Gazette officielle. Québec exigera cette contribution des ménages locataires sans-logis hébergés par les municipalités après 2 mois, pour que celles-ci puissent obtenir un remboursement des dépenses d’hébergement. Selon le FRAPRU, cette approche complètement régressive représente un recul inédit depuis la mise en place des programmes d’aide d’urgence au Québec. « Ce remaniement est d’autant plus indécent que le nombre de ménages locataires se trouvant sans-logis et la durée moyenne d’hébergement temporaire sont en hausse depuis 3 ans, dans les rares municipalités où il est offert. Sauf que cette situation est directement liée à l’inaction du gouvernement Legault qui ne fait rien pour mettre fin à la crise du logement de façon durable », dénonce Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, rappelant que sans aide d’urgence adéquate autour de la période des déménagements, et vu l’insuffisance de logements sociaux, plusieurs ménages locataires qui n’ont pas réussi à signer un nouveau bail sont tombés en situation d’itinérance, dans plusieurs régions du Québec.
Selon le regroupement, cette nouvelle exigence est d’autant plus inappropriée que plusieurs des ménages hébergés qui peinent à se reloger sont exclus de l’aide financière d’urgence, en raison de modalité d’attribution très restrictives, excluant par exemple des locataires qui auraient quitté « volontairement » leur logement ou qui l’aurait perdu en raison d’un non-paiement. Ces modalités d’attribution ne tiennent pas compte, ni des pratiques discriminatoires du marché et de la faiblesse des recours mis à la disposition des locataires, ni de la pénurie de logements locatifs encore abordables (ou presque). Or, ces restrictions n’ont toujours pas été modifiées, malgré des demandes officielles faites par le regroupement depuis des mois.
« Encore une fois, on voit à quel point le gouvernement Legault est un gouvernement qui priorise la logique comptable à la réelle résolution de drames humains ! Rendre encore plus conditionnelle une aide aux municipalités, déjà rares, qui organisent un hébergement temporaire, en les forçant ni plus ni moins à introduire une logique tarifaire pour un programme de soutien d’urgence est inadmissible » selon la porte-parole. Le FRAPRU rappelle par ailleurs que Québec ne rembourse qu’au mieux 50 % des dépenses des municipalités en exigeant pour ce faire une lourde reddition de compte alors que le logement est la responsabilité première de Québec qui par ailleurs laisse de plus en plus de ménages tomber dans des situations de mal-logement en refusant de renforcer les protections contre les hausses abusives de loyers et les évictions frauduleuses..
« Ça fait 4 ans que le gouvernement Legault refuse toute prévisibilité dans la planification des nécessaires logements sociaux en ne prévoyant pas le financement nécessaire et il s’apprête maintenant à abandonner carrément le programme AccèsLogis. Les locataires victimes de cette crise qui perdent leur logement se retrouvent sans alternatives et avec trop peu de recours. Exiger une contribution financière ne fera qu’aggraver la situation de ceux et celles qui se retrouve sans-logis » conclut Véronique Laflamme.
– 30 –