Budget Leitão du 28 mars: Logement et lutte à la pauvreté ne peuvent plus être mis de côté

Québec, le 24 mars 2016 – Les attentes du FRAPRU sont très élevées à l’égard du quatrième budget que déposera le ministre des Finances, Carlos Leitão, le 28 mars prochain. L’organisme espère que celui-ci donne suite aux recommandations formulées lors des consultations menées l’automne dernier par son gouvernement sur ses approches d’intervention en habitation, en assurant la préservation, l’amélioration et la bonification du programme AccèsLogis. Il souhaite également que le budget rende disponibles les fonds nécessaires pour que le troisième plan de lutte à la pauvreté, attendu incessamment, renforce le filet de sécurité sociale.

Choisir le logement social

Selon le regroupement national, l’insuffisance des actions gouvernementales en matière de logement et de pauvreté explique en bonne partie que le nombre de ménages locataires consacrant plus de la moitié de leur revenu pour se loger soit aussi élevé au Québec. C’est le cas de quelque 228 000 ménages locataires, dont 108 500 pour qui c’est plus de 80 % du revenu qui passe au logement. « Ce n’est pas normal qu’autant de personnes doivent compromettre leurs autres besoins essentiels pour payer leur loyer! Il est temps de donner un vrai coup de barre pour améliorer les conditions de vie », affirme sa porte-parole, Véronique Laflamme.

Rappelant que les coupes d’un total de 3000 logements sociaux effectuées dans les deux derniers budgets ont ralenti l’accès déjà difficile au logement social, le FRAPRU exige des investissements permettant la réalisation d’un nombre beaucoup plus important de logements sociaux, des subventions suffisantes pour en réaliser partout au Québec et des engagements pluriannuels afin de mieux planifier et d’accélérer leur réalisation. Véronique Laflamme rappelle que Québec en a les moyens : « Durant les deux prochaines années, le gouvernement québécois peut utiliser les fonds fédéraux de 400 millions $, annoncés dans le cadre de l’entente bilatérale fédérale-provinciale dévoilée en janvier dernier, pour réinvestir dans AccèsLogis. De plus, le ministre des Finances dispose d’un surplus budgétaire de 3,7 milliards $, incluant le versement au Fonds des générations. »

Le FRAPRU invite par ailleurs le ministre à abandonner la voie du supplément au loyer privé pour régler les problèmes des personnes mal-logées. « Ces subventions n’ont pas du tout le même impact sur l’économie et les conditions de vie des ménages que le logement social et il ne représente pas une forme d’aide permanente », s’inquiète madame Laflamme. La porte-parole insiste sur le fait qu’AccèsLogis a des effets à long terme, qui permettent non seulement de réduire les coûts de loyer des ménages à faible revenu, mais aussi de construire des logements suffisamment grands pour les familles, lesquelles en ont particulièrement besoin dans certains quartiers de Montréal et dans la couronne nord de l’île, ainsi que de lutter contre l’insalubrité en permettant de rénover et de socialiser des logements existants.

Un réel plan de lutte à la pauvreté

Le FRAPRU surveillera également dans le prochain budget, la présence d’investissements suffisants pour que le troisième plan d’action gouvernemental pour la solidarité et l’inclusion sociale permette réellement d’atteindre les objectifs de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, adoptée en 2002. « En plus du financement adéquat du logement social et du soutien communautaire en logement social, ce plan d’action doit impérativement s’assurer que toutes les personnes aient accès à un revenu suffisant pour couvrir l’ensemble de leurs besoins les plus élémentaires », commente sa porte-parole. « Avec une prestation de base à l’aide sociale de 628 $ par mois — et bientôt de seulement 399 $ pour les nouveaux demandeurs d’aide sociale qui ne réussiront pas à s’inscrire dans le nouveau programme Objectif Emploi — il est pratiquement impossible de trouver un logement sur le marché privé qui ne compromette pas la réalisation des autres besoins essentiels », rappelle-t-elle.

Plus généralement, selon le FRAPRU, c’est en veillant à la mise en œuvre, au respect et à la protection de tous les droits humains et en y consacrant les ressources nécessaires que le gouvernement québécois parviendra réellement à faire reculer les inégalités sociales. En ce sens, il le met en garde contre de nouvelles baisses d’impôts qui mineraient les possibilités pour l’État de réparer les torts que les politiques d’austérité ont causés et qui ouvriraient la porte à une nouvelle vague de coupes budgétaires et de tarifications. Il lui demande plutôt d’adopter une série de mesures budgétaires et fiscales qui lui permettraient de dégager les fonds nécessaires à un réinvestissement majeur dans la lutte à la pauvreté, comme dans l’ensemble des programmes sociaux, des services publics et dans l’action communautaire autonome.

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